Un allaitement magique

13 janvier 2021By 0

Cette semaine, je vous présente des photos d’allaitement que j’adore et que j’ai adoré faire !
C’est un post plus long qu’à mon habitude, mais il vaut le coup d’être lu jusqu’au bout.

Je connais Constance depuis le lycée.
Je connais des bribes de son parcours, et la force dont elle a fait preuve pour se reconstruire.
Quand elle m’a parlé de sa grossesse et de sa mastectomie, j’ai été honorée d’immortaliser un petit instant de son intimité, où sa force s’est mélangée à sa tendresse.

Je laisse la parole à Constance qui racontera son histoire bien mieux que moi :

 » Je m’appelle Constance et j’ai 39 ans.

En juin 2013 j’ai mis au monde mon Octave. En février 2015, au terme de 20 mois d’allaitement, nous cessons l’aventure d’un commun accord lui et moi.

A partir de cette date, je ne cesserai d’avoir des écoulements non expliqués m’obligeant à protéger sans arrêt mon sein droit pour ne pas tacher mes vêtements…

En janvier 2017, je passe une mammographie et une échographie. On découvre des micro-calcifications suspectes ; je suis invitée à revenir en février pour une macro-biopsie qui révélera un carcinome canalaire in situ. Le « petit » cancer ; celui qui n’est pas encore grave mais peut le devenir… J’ai alors 35 ans, 2 magnifiques garçons, un conjoint fantastique… Sans hésitation j’accepte la zonectomie qui m’est proposée et en avril je suis opérée. S’en suivent 25 séances de radiothérapie dont je ne subirai pas d’effet secondaire…

En parallèle nous nourrissons avec celui qui devient mon mari en 2018, l’envie d’agrandir la famille. Certes les équipes ne s’accordent pas quant à l’innocuité d’une potentielle grossesse, mais une majorité des professionnels sont sereins.

Début 2020, les écoulements deviennent plus suspects ; on intensifie donc le suivi tout en gardant en tête le projet d’agrandissement de la famille : J’ai 38 ans.

Le 17 mars 2020, le confinement est décrété : J’apprends le début de ma grossesse 2 semaines plus tard !

Alors tout s’accélère, les écoulements de plus en plus suspects deviennent franchement sanguinolents. En juillet, je subi une micro-biopsie dont le résultat est sans appel. Les équipes de sénologie devront me solliciter tout au long de ce parcours tant les actes réalisés dans le cadre de cette récidive me font craindre pour le petit trésor au creux de mon ventre. C’est dans le cadre du rapprochement entre le centre anti-cancer et l’équipe obstétrique en charge de ma grossesse que les bons mots seront trouvés pour me rassurer ; On opère des femmes enceintes, on sait le faire, et les bébés vont la plupart du temps bien. De plus, j’ai une magnifique famille par ailleurs, et qui a besoin de moi ; On décide donc de l’ablation de ce sein qui me fait peur depuis déjà 5 ans… Et pour ne plus avoir peur plus tard, j’affronte terrifiée l’opération qui m’attend.

C’est enceinte de 5 mois que je serai opérée, le 2 septembre 2020 ; transie de peur à l’idée de pouvoir me réveiller sans mon petit. Je précipite mes mains sur mon ventre en salle de réveil ; Tout s’est bien passé ! Mon petit se réveille lentement en même temps que moi et m’envoie quelques signaux de vitalité !!

Ce sein, je n’en voulais plus ; fatiguée de garnir mon soutien gorge chaque matin, fatiguée d’avoir peur. Aujourd’hui encore, je m’observe dans le miroir sans nostalgie, sans regret, sans dégoût : depuis plusieurs années je m’étais préparée à voir disparaître ce sein source d’inquiétude.

Ma seule crainte : Pourrai-je partager avec ce nouvel enfant ce que j’ai partagé de nombreux mois avec ses frères ? Je rencontre alors une sage femme formidable qui m’intime de m’isoler dans ma bulle ; si j’ai réussi à allaiter mes 2 grands garçons de longs mois mon unique sein s’adaptera pour ce nouvel enfant.

Entre temps je contacterai Sandrine sans idée précise mais avec l’envie de fixer ce moment fort de ma vie. Connaît-elle un collègue photographe assez sensible pour ce travail ? Pas besoin, elle me propose de faire le voyage jusqu’à moi, enthousiaste à l’idée de ce projet !

De plus je parcours les réseaux et découvre un petit groupe de femmes militant activement pour la reconnaissance de ce corps différents, pour que la féminité ne se réduise pas à une paire de sein, pour que les femmes amputée de tout ou partie de leur poitrine ne soient pas sursolicitées quant à la reconstruction. Les images que ces femmes acceptent de partager me font du bien, me réconfortent. Je me dis que moi aussi je tenterai d’amener ma pierre à l’édifice.

Le 18 décembre 2020 Flavien Mani pointe le bout de son nez en pleine santé avec ses 4kg260 et 54cm !!! Et c’est 10 jours plus tard que Sandrine est passée à mon domicile pour immortaliser l’arrivée de cet enfant dans notre famille et ses circonstances très spéciales ! « 

Je vais conclure par un immense MERCI à Constance pour m’avoir laissé pénétrer dans son intimité.
Merci d’avoir permis la publication de ces images pour expliquer.
Je vous laisse la page facebook dont Constance parle : https://www.facebook.com/Reconstructionaplat
Pour résumer, laissez les femmes disposer de leur corps comme elles l’entendent. Pour celles qui veulent opter pour une reconstruction… soutenez-les.
Mais surtout, pour celles qui ne le souhaitent pas, soutenez-les de la même manière !
NOTRE CORPS – NOS CHOIX !

Bonne semaine à tous
Et à la semaine prochaine

Sandrine 😉